En tant qu’entreprise fondée sur les principes d’innovation et de collaboration, nous nous targuons d’être un chef de file scientifique dans la physiopathologie de la maladie ainsi que dans sa manière de réagir aux médicaments. Cet engagement se traduit par des investissements directs de Roche Canada dans le système de santé canadien, depuis le tout début de son exploitation, ici en 1931. Avec le temps, ces investissements ont gagné à la fois en importance et en effets. En 2017, nous sommes fiers d’avoir investi 52 millions de dollars au Canada, en recherche clinique uniquement.

Cela a permis à notre entreprise d’offrir au Canada des médicaments et des produits diagnostiques expérimentaux à la fine pointe de la technologie et de soutenir les soins pour plus de 2 500 patients ayant participé à l’une de nos études l’an dernier, allégeant ainsi le fardeau imposé au système de santé.

Nous savons que notre mission de faire avancer la science dépend de la pérennité de notre système de santé, qui, en fin de compte, donne accès à nos innovations aux patients. Nous comprenons et soutenons la volonté du gouvernement de trouver des sources d’économie dans le budget actuel des soins de santé. Comme le gouvernement cherche à réformer les règlements sur les prix des médicaments brevetés au Canada, le caractère abordable et accessible des médicaments est au cœur des discussions depuis plusieurs mois. Nous croyons donc important de partager notre point de vue sur ce sujet.

Créer un système de financement qui place la santé des Canadiens au premier plan

Nous comprenons que les gouvernements et les organismes payeurs ont la lourde tâche de gérer un budget de santé en croissance constante et qu’ils cherchent des moyens de réformer notre système dans une optique de pérennité. Le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) est un organisme gouvernemental fédéral qui réglemente les prix des médicaments brevetés au Canada en s’assurant que ceux-ci ne sont pas excessifs. Le gouvernement fédéral propose actuellement des modifications à la méthode employée par le CEPMB pour évaluer le prix d’un médicament, dont la prise en compte de normes comme la taille du marché pour un médicament et le taux de croissance du produit intérieur brut, et la comparaison avec une liste importante de pays similaires. Bien que ces modifications visent à améliorer le caractère abordable et efficace des médicaments, nous sommes intimement persuadés que la discussion sur la valeur de l’innovation dans le secteur des soins de santé ne peut ni ne devrait se limiter à une question de coût et à la nécessité de changer le mode de financement des médicaments dans notre pays.

Le cadre actuel d’accès aux médicaments au Canada dispose de plusieurs moyens de régulation permettant au gouvernement et aux régimes publics d’assurance médicaments d’évaluer le prix, la valeur et l’effet d’un médicament sur le patient avant qu’il ne soit remboursé. Nous croyons également que le cadre actuel se fonde sur une approche pragmatique par étapes, ce qui fournit différents jalons de négociation au gouvernement, notamment :

  • L’évaluation du caractère excessif ou non du prix d’un nouveau médicament par le CEPMB;
  • La possibilité d’établir le rapport coût-efficacité d’un médicament (c.-à-d. son incidence sociale et clinique une fois sur le marché), par l’entremise de l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) ou de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS);
  • Une occasion, pour les régimes fédéral, provinciaux et territoriaux d’assurance médicaments de négocier une nouvelle fois le prix de façon collective grâce à l’Alliance pancanadienne pharmaceutique (APP); et
  • Encore une occasion, pour chaque province, d’établir ses besoins propres au travers d’une entente d’inscription aux listes de médicaments qui permet finalement à un médicament d’être remboursé par les régimes publics d’assurance médicaments.

Une modification à l’un des piliers de ce cadre exigera une réévaluation du processus dans son intégralité afin de s’assurer que le système ne manque pas à son devoir envers les intérêts et les besoins des patients et des fournisseurs de soins de santé.

Recherche et développement : révéler l’envers de la médaille

Les questions de la pérennité et du caractère abordable des soins de santé ont fait l’objet d’une attention considérable chez des intervenants clés dans les mois qui ont suivi l'annonce des modifications proposées au CEPMB. Pourtant, une grande partie de la discussion est fondée sur la croyance que l’industrie pharmaceutique n’a pas investi suffisamment en recherche et développement (R‑D) au Canada pour garantir les prix de ses médicaments et qu’elle ne le fait toujours pas. Notre plus grande inquiétude au sujet de cette conception, c’est que les règlements actuels qui décrivent notre façon de rendre des comptes sur nos dépenses de R-D ne reconnaissent pas certaines parts significatives de notre investissement au Canada comme appartenant à la catégorie de R-D.

Le Programme de la recherche scientifique et du développement expérimental (RS&DE), par exemple, ne tient pas compte, en particulier, des investissements de R-D réalisés par le siège social mondial de filiales canadiennes des entreprises multinationales comme la nôtre. Cette situation pose problème étant donné que ces investissements financent des essais cliniques, soutiennent des partenariats avec des entités canadiennes (comme des établissements hospitaliers, des centres universitaires ou d’autres entreprises canadiennes) et permettent d’octroyer des bourses, des subventions ou du financement de recherche à des établissements hospitaliers. Par ailleurs, le programme RS&DE ne tient pas non plus compte des investissements locaux dans les programmes de soutien aux patients (qui aident les Canadiens à avoir accès aux médicaments et aux produits diagnostiques dont ils ont besoin pour rester en bonne santé) ni des bourses et subventions permettant de soutenir des initiatives visant à améliorer l’accès aux renseignements et aux services au sein de notre système de santé.

Consolider la place du Canada dans l’écosystème des sciences de la vie

Nous croyons que le Canada a les moyens de prendre les rênes sur la scène mondiale, en devenant une destination de premier ordre pour la recherche clinique et les médicaments novateurs. Même s’il est important de se pencher sur les prix des médicaments, il ne faut pas les analyser par le petit bout de la lorgnette, et il ne faut pas non plus que cela émousse notre engagement collectif pour l’édification d’un système qui réponde aux besoins de chaque Canadien.

Pour obtenir de saines politiques publiques, il faut prendre en considération l’ensemble de leurs conséquences, que ce soit sur les patients, les aidants et les contribuables, ou sur les employés et les employeurs. L’importance capitale de la pérennité du système de santé n’est pas à démontrer. L’accès à l’innovation, la création d’emploi et la solidité de l’écosystème des sciences de la vie, qui est le fondement de l’avenir de notre nation en matière de santé, sont tout aussi importants.

Les propositions de modification des règlements de tarification des médicaments brevetés du gouvernement fédéral auront des conséquences nuisibles sur les investissements et l’emploi au sein de l’industrie canadienne des sciences de la vie. Un rapport récent sur l’accès au marché de PDCI émet l’hypothèse que l’industrie pourrait voir ses revenus réduits d’au moins 20 %. Considérant que cette industrie apporte 30 000 excellents emplois, 19,2 milliards de dollars annuels d’activité économique et qu’elle investit près de 10 % de son revenu brut dans la recherche et le développement, cette réduction aura un effet dissuasif très important sur les investissements étrangers directs dans notre pays.

Les médicaments changent des vies. Grâce aux innovations médicales, les patients vivent plus longtemps et mieux. Mais les médicaments ne changent pas les vies tout seuls : les patients, leurs aidants, les bénévoles, les organismes d’aide aux patients, les professionnels de la santé, les chercheurs, les établissements, l’industrie et le gouvernement ont tous un rôle à jouer pour l’amélioration de la vie des patients canadiens. En tant qu’entreprise, nous tenons à établir des partenariats avec tous les intervenants pertinents pour contribuer à l’édification d’un système qui soit non seulement équitable, mais aussi efficace et efficient; un système conçu pour répondre aux besoins actuels et futurs des Canadiens.

4 mai 2018

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