
Lucie était une artiste accomplie qui menait une vie très active. Lorsqu’on l’a conduite à l’hôpital en 2017 en raison d’une possible crise cardiaque, elle était loin de se douter qu’elle était atteinte d’un cancer du poumon. Le diagnostic a bouleversé sa vie. En effet, il lui était désormais impossible de pratiquer plusieurs de ses activités favorites, dont la peinture, sa passion et son passe-temps depuis 50 ans.
Au Canada, le cancer du poumon demeure l’un des cancers les plus fréquents. En moyenne, chaque jour, 78 Canadiens reçoivent un diagnostic de cancer du poumon. Il s’agit également de la principale cause de décès attribuable au cancer. En 2017, le cancer du poumon a été associé à un plus grand nombre de décès que le cancer colorectal, le cancer du sein et le cancer de la prostate réunis, un fait que Lucie connaît trop bien.
En général, on estime qu’il existe deux principaux types de cancer du poumon, soit le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) et le cancer du poumon à petites cellules (CPPC). Chacune de ces catégories compte également un certain nombre de sous-types. Le CPNPC est le type de cancer du poumon le plus fréquent. Quant au CPPC, bien qu’il soit moins fréquent, il demeure le type de cancer du poumon le plus agressif et, dans de nombreux cas, il s’est déjà propagé à d’autres parties du corps au moment du diagnostic. Par conséquent, il est généralement reconnu comme un cancer difficile à traiter, dont les conséquences sont dévastatrices.
Avant de recevoir son diagnostic, Lucie ne présentait aucun signe ou symptôme de la maladie, comme c’est souvent le cas chez les patients atteints d’un cancer du poumon. Les membres de sa famille ont été dévastés d’apprendre qu’elle souffrait d’un cancer de stade 4 qui s’était déjà propagé au cerveau. Comme on ne lui donnait que deux mois à vivre, on lui a conseillé de mettre de l’ordre dans ses affaires pendant que le médecin élaborait un plan de traitement. Malgré cela, Lucie est demeurée positive. Selon son mari, elle a su garder le moral dès le départ, et ce, malgré la radiothérapie et la chimiothérapie.
Évaluation d’une nouvelle possibilité de traitement
Dans le cas de Lucie, comme dans celui de nombreux autres patients atteints d’un cancer du poumon, l’évaluation des différentes options de traitement est une étape cruciale du parcours thérapeutique. Même si la radiothérapie s’est montrée efficace pour freiner l’évolution des lésions cérébrales, Lucie était toujours malade après le premier cycle de chimiothérapie. Le deuxième cycle de chimiothérapie lui a permis de se sentir un peu mieux, mais en 2018, le médecin s’est tourné vers les traitements émergents afin de personnaliser l’approche thérapeutique.
Par le passé, on classait le cancer en fonction de son emplacement dans le corps, et nombre de patients atteints d’un type particulier de tumeur étaient traités de façon uniforme, c’est-à-dire par une intervention chirurgicale, la radiothérapie ou la chimiothérapie, tout comme Lucie. Cependant, grâce aux analyses moléculaires, aux percées réalisées dans le séquençage de nouvelle génération et à notre compréhension grandissante de la biologie des différents types de cancer, nous connaissons beaucoup mieux la maladie. Nous sommes maintenant en mesure de mettre au point des approches personnalisées pour le traitement de nombreux différents types de cancers, y compris le cancer du poumon.
La mise au point de l’immunothérapie, qui agit au niveau du système immunitaire pour réduire la taille d’un CPNPC avancé ou métastatique, nous a permis de franchir une étape importante dans le traitement du cancer du poumon. En effet, ce traitement peut aider l’organisme à reconnaître et à détruire les cellules tumorales en agissant sur des cibles associées au cancer, par exemple une protéine connue sous le nom de PD-L1 (de l’anglais programmed death-ligand 1, ligand de mort cellulaire programmée 1).
En plus de la protéine PD-L1, d’autres biomarqueurs peuvent avoir une incidence sur les approches thérapeutiques adoptées en cas de cancer du poumon. Par exemple, deux mutations nous permettent de déterminer le traitement approprié, soit le remaniement du gène de la kinase du lymphome anaplasique (ALK, pour anaplastic lymphoma kinase) et la mutation du gène de l’EGFR (de l’anglais epithelial growth factor receptor, récepteur du facteur de croissance épidermique). On observe un remaniement du gène ALK dans environ 5 % des cas de CPNPC. Cette mutation entraîne la synthèse d’une protéine ALK anormale qui favorise la croissance et la propagation des cellules tumorales. L’EGFR est une protéine située à la surface des cellules qui favorise normalement la croissance et la division cellulaire. Au Canada, sa forme mutée est présente chez environ 20 % des patients atteints d’un CPNPC.
Comme Lucie avait déjà reçu d’autres traitements de chimiothérapie, son équipe de soins de santé et elle ont décidé qu’il était temps d’essayer cette nouvelle approche moléculaire. De fait, la recherche montre maintenant qu’il s’agit d’un traitement approprié chez les patients atteints d’un CPNPC métastatique qui peut même être instauré plus tôt dans le parcours thérapeutique.
Les chercheurs continuent d’étudier le rôle des biomarqueurs dans l’apparition du cancer et la manière dont les soins de santé personnalisés, et plus particulièrement un traitement ciblé, permettent de freiner le cancer. Chez les patients comme Lucie, les équipes de soins de santé réalisent souvent un dépistage des biomarqueurs pour aider à déterminer quel est le meilleur traitement selon le type de cancer. Aussi, lorsqu’on pense à cette maladie dévastatrice, souvent associée à un sombre pronostic, il est encourageant de constater que les biomarqueurs sont utilisés pour choisir le traitement convenant le mieux aux patients.
Regarder vers l’avenir
Plus on en sait au sujet des caractéristiques d’une tumeur, plus le traitement peut être ciblé. Un tel niveau de connaissance permet également aux fournisseurs de soins de santé de prévoir de façon plus précise la réponse d’un patient à un traitement particulier. Par ailleurs, grâce au séquençage de nouvelle génération et au dépistage des biomarqueurs, il est maintenant possible de personnaliser les traitements encore davantage et ainsi d’éviter les approches thérapeutiques uniformes, tout en instaurant le meilleur traitement pour un patient, au moment opportun.
En ce qui concerne Lucie, la personnalisation du traitement lui a permis de réaliser que la vie avait davantage à lui offrir. Elle participe toujours aux activités du club de bridge dont elle est membre depuis 34 ans, et elle a recommencé à peindre. Elle accepte les commandes, expose ses œuvres dans des galeries et enseigne même la peinture à son infirmière des soins palliatifs, avec qui elle a gardé contact depuis son hospitalisation. Grâce à l’immunothérapie, Lucie et son mari font des plans pour l’avenir, et ils se réjouissent à l’idée de célébrer certaines étapes importantes de leur vie, comme l’anniversaire de leurs proches, les fêtes et leur 50e anniversaire de mariage. Lucie demeure positive et optimiste, et elle profite pleinement de chaque nouvelle journée qui s’offre à elle.
10 juin 2019
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